La sobriété ne doit pas être un privilège de classe

 
 
 

Ces deux derniers mois, nous avons vu nos forêts partir en fumée dans des proportions inégalées.

Ces six derniers mois, nous avons vu la guerre ravager l’Ukraine, vider les assiettes des habitants des pays du Sud et rendre notre énergie hors de prix.

Ces 24 derniers mois, nous avons vu l’économie mondiale surchauffer et l’inflation s’envoler d’autant, en dépit de tout bon sens et des vœux pieux d’un « monde nouveau » formulés entre deux confinements.

Savoir dire stop

Les émissions de CO2 mondiales ne réduisent pas. Les prix augmentent, de plus en plus. Nous remplissons toujours nos chasses d’eau avec de l’eau potable. Nous gaspillons encore 1 milliard de m3 d’eau par an en fuites diverses et variées. Nous nous reposons, encore et toujours, sur le travail forcé de minorités à l’autre bout du monde tout en étant incapables de fournir des emplois dignes à des millions de nos concitoyens.

Nous devons consommer et produire différemment. La France – et le reste du monde ! – devrait se livrer à une chasse nationale aux gaspillages et à une recherche d’optimisation de l’emploi des ressources comme l’eau.

Cela relève du bon sens : nous devons, collectivement, faire preuve de sobriété.

Pourtant, la sobriété reste une injonction insupportable pour de nombreux Français

C’est ainsi qu’on nous parle de sobriété énergétique pour le chauffage, en insistant sur la température de 19°C en hiver. Est-il besoin de rappeler que certains, dans leurs foyers, aimeraient atteindre cette température ? Tous devraient-ils donc contribuer de la même façon, alors que les dépenses énergétiques et l’empreinte carbone sont directement liées à la classe sociale ?

Ne nous trompons pas de cibles. Selon le Rapport mondial sur les inégalités de 2022, en France, les 50% les plus pauvres émettent 5t de carbone par an et par individu, les 40% au-dessus émettent 9t par personne, les 10% les plus riches produisent 25t par individu. Et pourtant, la récente polémique sur les jets privés nous rappelle cruellement à quel point plus on est riche, plus on a le choix. Quand ils devraient être exemplaires, les plus aisés d’entre nous préfèrent se défausser de leur responsabilité ou, à l’inverse, faire la leçon aux autres. De quoi rendre amers les plus modestes quand on leur intime à la radio de réduire le chauffage cet hiver.

Un combat collectif auquel nous devons tous prendre part

Les efforts individuels sont indispensables et un effort « collectif », équitablement partagé, l’est tout autant.

Quid d’un plan Marshall de rénovation des logements, capable de sortir les plus pauvres d’entre nous de la précarité énergétique et de créer des emplois ?

Quid des rénovations des bâtiments des collectivités territoriales, dont on ne sait même pas combien ont été initiées ?

Quid de la part des entreprises dans les consommations énergétiques, des devantures et des tours de bureaux allumées à toute heure ?

Et si on inventait un dispositif où les plus « dépensiers » seraient les plus contributeurs à l’effort ?

Les pistes de travail sont nombreuses. Puisque la sobriété s’impose à nous tous, arrêtons de faire la leçon et mettons-nous tous au travail.

Sobriété rime avec nécessité, pas avec privilège de classe.

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