Notre avenir commun : l’autre déficit public

 

À cette heure, je pense particulièrement aux salarié ·es des TPE impacté ·es par les nouvelles mesures d’un confinement qui ne dit pas son nom et bouche les perspectives d’avenir.

Ils tiennent bon et sont des modèles de courage. Ils nous disent aussi qu’une quatrième vague d’ordre psychologique nous menace. Demain n’a jamais paru aussi loin pour nombre de travailleurs dans le pays. Cette crise psychologique fait planer le spectre d’une épidémie de découragement par rapport à l’avenir, que nous devons prendre au sérieux et à laquelle nous devons impérativement apporter des réponses.

Un consentement à l’avenir épuisé ?

Maintenus dans un « présent sans fin » qui les épuise autant qu’il les fait douter de l’avenir, les salarié·es accusent le coup.

Selon notre enquête, 41 % des salarié·es de TPE craignent pour leur propre emploi, tandis que 48 % indiquent que leur entreprise leur semble menacée à l’avenir.

En première ligne, les salariés des TPE sont frappés par ce phénomène de détresse psychologique faisant tache d’huile dans le monde professionnel : le taux de dépression nécessitant un traitement atteint désormais 36 % des salariés du pays, selon le 6ème Baromètre de l’état de la santé psychologique des salarié·es français·es. 


Ne négligeons pas le coût social de la dévalorisation de l’avenir

Cette situation nous préoccupe sérieusement et nous occupe depuis plusieurs semaines et pour les mois à venir. Nous ne connaissons en effet que trop bien les conséquences collectives du déficit d’avenir.

Tensions, détérioration des relations de travail, sentiment d’injustice, décrochage professionnel, perte de sens au travail, progression des faits de violence et de harcèlement : la situation actuelle contient en germe le risque d’une inquiétante désunion des salarié·es. Signe des temps, 63 % des Français reconnaissent que le virus leur a fait prendre conscience qu’ils devaient attacher moins d’importance au travail dans leur vie (Baromètre de l’état de santé psychologique des salariés français).

À ce malaise professionnel s’ajoute la réalité d’existences entravées par la pandémie : celles des étudiants, des jeunes actifs et des familles qui voient l’avenir avec inquiétude.

Nous sommes déjà présents pour cet avenir

Face au délitement du consentement à l’avenir, une relance psychologique coordonnée est plus que jamais nécessaire. Car ces multiples souffrances, en apparence indépendantes les unes des autres, dessinent en réalité le schéma cohérent d’une France en proie au doute sur ce qu’elle est et, surtout, sur ce qu’elle sera demain. C’est un déficit public grave.

À l’UNSA nous avons déjà pris acte de cette crainte. Nombre de souffrances, lorsqu’elles demeurent dans l’oubli, génèrent un ressentiment durable.

Face à ce déficit public, le syndicalisme a une responsabilité envers tous les salarié·es : retisser les fils d’un dialogue social parfois interrompu, protéger de la précarité, revaloriser d’urgence les bas salaires, ouvrir le chantier de la formation professionnelle, etc.

L’UNSA mobilise toutes ses forces pour rendre notre avenir commun possible, avec des solutions tout au long de l’année.

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